Trois syndicalistes de l’usine Pars Khodro filiale Iranienne du Groupe Renault
21 Décembre 2016 :Trois syndicalistes de l’usine Pars Khodro, une des filiales Iranienne du Groupe Renault Nissan viennent d’être arrêtés. Pars – Iran Khodro est une boîte contrôlée à 48 % par l’Etat. A noter que Pars Khodro collabore toujours activement avec le groupe Renault Nissan puisque c’est une joint-venture qui fabrique des Renault en licence Iranienne.
Davood Rafiei le délégué du syndicat libre de Pars Khodro est arrêté , transféré dans la prison de Varamin, puis placé en détention préventive dans la nouvelle prison centrale de Téhéran connue aussi sous le nom de Fashafooyeh Prison. Deux autres camarades arrêtés ont été libérés sous caution, mais devront passer ultérieurement devant un tribunal qui risque de les condamner à des peines très lourdes.
Tous les trois étaient déjà menacés de licenciements suite à leurs participations à des mouvements sociaux dans l’usine Pars Khodro en 2014 et 2015. Avant d’être arrêtés ils avaient participé à des protestations avec d’autre de leur camarades.
-Davood Rafiei est toujours détenu « préventivement », parce qu’il n’a pas pu payer la caution qui lui était demandée. Ses deux autres camarades qui avaient été arrêtés en même temps que Davood ont été libérés sous caution jusqu’à leurs procès dont la date n’a pas encore été fixée. En outre sembleraient qu’ils aient été arrêtés après que des salariés de Pars Khodro aient décidé au cours de la semaine dernière de boycotter la cantine de l’entreprise afin de protester contre les bas salaires et les licenciements.
Selon le rapport parvenu, les contrats de 40 employés de Pars Khodro n’ont pas été renouvelé en raison de leurs participations supposées à des rassemblements et à des manifestations de protestations contre les bas salaires. Ces quarante employés qui sont maintenant tous licenciés avaient pour la plupart d’entre eux entre 8 et 16 ans d’ancienneté dans l’entreprise.
Entre-temps, la direction de l’usine SAIPA a intenté une action en justice pour «Diffamation» contre Davood Rafiei et M. Fazelian un ancien journaliste de l’ILNA News -Un journal lié au monde du travail proche des « Réformateurs » – Ndr. Pour avoir publié des articles traitant des dégradations des conditions de travail et des réductions de salaires drastiques au sein des entreprises du groupe de Pars Khodro – SAIPA.
D’autres employés de Pars Khodro (Une subdivision de la SAIPA) ont également évoqué le fait qu’il y avait un mouvement de protestation en cours en soutien à leurs camarades et à l’ancien journaliste de l’Agence de l’ILNA News qui avaient dénoncé les bas salaires au sein de leur groupe.
L’un de ces travailleurs a déclaré que la réduction des prestations des travailleurs s’était poursuivie au cours des trois dernières années et qu’en raison des politiques de réduction des effectifs, leurs prestations salariales mensuelles avaient été réduites de 2 millions à 600-800 mille Rials Iraniens. Tout en rappelant que l’une des principales exigences des employés était de nouvelles catégorisations des emplois et la transformation des contrats précaires en CDI, une demande légitime qui a bien sûr toujours été ignorée par la direction.
Les employés licenciés ont pourtant utilisé toutes les méthodes légales pour défendre leurs droits et demander l’arrêt des poursuites judiciaires et des procédures de licenciement contre leurs camarades, ils ont organisé des caisses et des collectes de solidarité, des protestations au sein des lieux de production du groupe Pars Khodro et SAIPA, des protestations devant le bureau du gouverneur à Téhéran, des sit-in pendant 24 heures devant le bureau du président Rouhani et le bâtiment du Ministère de l’emploi, ils ont également envoyé une lettre ouverte au président Iranien mais celle-ci semble être resté sans réponses pour le moment.
Il convient de mentionner que certaines plaintes contre ces abus de pouvoir de la direction de Pars Khodro – Saipa lancées par ces ouvriers menacés de licenciements avaient pourtant été reconnues comme valables par des «Tribunaux du travail ». Et qu’après deux ans de procédures judiciaires la justice avait décidé que ces travailleurs pourraient réintégrer leurs emplois. Mais il semblerait que depuis peu la Direction du groupe aient usé de leurs réseaux pour influencer certains gestionnaires du Ministère du Travail qui ont fait casser les jugements précédent qui étaient favorables aux salariés. Et que certains «Juges» aient été retournés en faveur de la Saipa.